Elections européennes (suite)

Dans l'émission "L'éco du jour" du 16 mai, France Inter évoque "Les révoltés de la fiscalité" et notamment le "Comité Bastille" dont le Président, André Teissier du Cros, vient de participer à la rédaction du Grillon de mai 2014 avec une "Libre opinion" sur l'Europe :

 

Sans Europe, que ferions-nous?

La réponse est simple : La guerre.

 

"Vous en doutez ? Vous voulez des prétextes de guerre aujourd’hui ? En voici :

Agression de la Russie contre l’Ukraine et le Belarus pour les réintégrer dans son empire. En passant, réintégration des pays baltes sans même besoin d’une action militaire. Agression de la Hongrie contre Serbie et Roumanie, pour enfin réintégrer la Vojvodine et la Transylvanie qui étaient hongroises avant 1918. Appui militaire de la Russie à la Serbie (son allié de toujours) pour arrêter les prétentions hongroises, et pour y réintégrer le Kosovo et la Bosnie. Chantage de la Russie contre l’Allemagne, la Finlande et la Pologne, pour leur imposer de sortir de l’OTAN, de s’aligner sur la neutralité de la Suisse, et les paralyser face à toute tentative de changements des autres frontières européennes, en échange d’une garantie de ces frontières actuelles et d’un contrat très favorable de fourniture d’énergie. Guerre entre l’Algérie et le Maroc à propos des territoires sahraouis. Explosion des guerres religieuses dans le Monde Arabe. La Syrie annexe le Liban. L’Irak annexe le Koweït. Etc. La France se trouvera isolée, et impuissante.

 

Vous en doutez ? Souvenez-vous : Quand la paix en Algérie fut conclue en 1962, la France était la nation du monde qui avait été le plus souvent en guerre depuis ses origines ! C’est la situation depuis 1949 (début des pourparlers ayant mené au Traité de Rome) qui est exceptionnelle. Les seuls actes de guerre en Europe depuis cette date ont été en Yougoslavie qui n’appartenait pas à l’UE.

Soit, me direz-vous. Mais on entend souvent critiquer l’Union Européenne parce qu’elle serait dominée par des intérêts économiques étrangers (Amérique, Chine, finance mondiale)ou que ses pays membres ne peuvent plus contrôler la manière dont la Commission Européenne réglemente notre vie en obéissant d’abord au FMI, à l’OMC, et aux conditions des marchés financiers. Il y a du vrai ! Mais depuis quand, et la faute à qui ?

 

La réponse est : depuis les années 80, quand la grande dérégulation des activités financières a été engagée. L’Europe politique en cours de construction depuis 1958 nous avait valu un Marché Commun, le respect du parapluie social (assurances santé, retraite, chômage, éducation obligatoire et gratuite, etc.) grâce auquel notre espérance de vie a de loin dépassé celle des Etats Unis, et un sérieux début de vraie solidarité économique entre états européens. Cette dérégulation, partie d’Amérique et d’Angleterre, nous a détournés du projet d’une Europe politique. La Commission Européenne a trahi ce projet, en devenant l’artisan principal de la financiarisation de nos économies : privatisation des services publics (énergie, eau, transports…) au profit de multinationales cotées en bourse, rachat d’entreprises dont on délocalise l’emploi en laissant les chômeurs à charge… Leur ennemi, c’est ce parapluie social qui distingue encore l’Europe et qui est jugé à Londres et à New York comme la cause première du manque de « compétitivité » de nos entreprises.

 

Si sous prétexte que la Commission Européenne nous a trahis nous voulons abandonner l’Europe, ce sera pire. Il faut remettre La Commission Européenne sur le bon cap : une Europe plus politique, et non le contraire. Et elle se fera sans doute en partant d’un noyau dur de quatre ou cinq pays pour commencer, dont les citoyens veulent précisément refuser la financiarisation de nos industries et marchés."

 

André Teissier du Cros, Président

Comité Bastille

 

 

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