Fous des Cévennes

Retrouvez dans l'ouvrage "Fous des Cévennes" (Editions Lacour) les portraits des habitants du canton de Lasalle parus au fil des mois dans "Le Grillon". Au moins pour les vingt premiers d'entre eux... Les autres dans un volume 2 si l'aventure continue !

Portrait de Jean Desvignes, ancien berger à Colognac

˝ J'ai choisi d'être berger ˝

 

Le Grillon : - Comment avez vous commencé ?

 

J.D. : - Je me suis rapidement rendu compte que je n'étais pas fait pour les études, bien que je sois fils d'institutrice. Je suis resté à l 'école à Nîmes jusqu'à l'âge de 14 ans, après le certif.. A la déclaration de la seconde guerre mondiale, mon père est parti à l'armée, et avec mon frère Marcel (voir portrait dans le numéro précédent) , nous sommes restés à la propriété que tenait mon père. Lui venait du Pas de Calais, il n'a jamais pris l'accent d'ici. Au début on a vécu avec mon frère au Mas Picard, chez nos parents. Ensuite, ils ont acheté des terres (et la maison où j'habite actuellement) pour les exploiter.

 

Le Grillon : - Comment êtes vous devenu berger ?

 

J.D. : - Moi, je n'y connaissais rien dans les moutons. Je me suis renseigné, j'ai lu des livres sur la question et j'ai fait des stages spécialisés dans l'élevage du mouton....  

 

 

A lire dans le numéro de mai du Grillon des Cévennes

Calviac autrefois et jusqu'en 1945 (fin de l'article de Walter Soulier paru en 3 parties : oct, nov et déc 2012)

... C’est l’après guerre qui a transformé les habitudes et la vie elle même. Petit à petit les personnes âgées disparaissaient et les jeunes ne pouvant plus compter sur leur propriété pour vivre, ont cherché du travail à l’extérieur. Certains ont vendu leur bien et sont allés s’installer à proximité de leur travail. Ainsi beaucoup de maisons sont devenues des résidences secondaires habitées par des étrangers à la région. A ce jour (2009) il ne reste dans tout le hameau qu’une douzaine de descendants qui ont conservé la maison familiale. Tous n’y vivent pas à l’année. Certains ne l’occupent qu’aux vacances. La rue n’est maintenant animée que par des chevaux à vapeur. La fontaine ne coule plus, sa canalisation n’étant plus entretenue, vu que toutes les maisons ont profité de l’adduction d’eau. Les façades se sont peu à peu transformées et rajeunies. Les conversations dans la rue ne sont plus, seul un petit bonjour en se croisant. Les nouveaux habitants se connaissent peu ne venant que pour les vacances. Cette nouvelle vie n’est pas uniquement réservée à Calviac mais à de nombreux villages de nos Cévennes. C’est bien dommage car c’est l’esprit Cévenol qui n’est plus. L’âme des paysans, éteinte avec leur disparition ne peut revivre que dans les souvenirs si l’on veut bien les transmettre. Les descendants de vieilles familles et les acquéreurs étrangers ont embelli les maisons. Mais que dire des propriétés, de tous ces terrains si bien entretenus, de tous ces murs soutenant les faïsses tous faits en pierre sèche. Ils sont maintenant en partie éboulés et inaccessibles. Les chemins sont impraticables et ont disparu sous une mauvaise végétation. Les beaux châtaigniers dont les fruits délicieux étaient la manne des animaux domestiques et des humains ne sont quasiment plus, morts ou envahis par des résineux et des chênes dans un fouillis inextricable. Seuls les chasseurs ont tracé des sentiers pour accéder à leur poste de chasse au sanglier. Ainsi les générations se succèdent, les manières de vivre se transforment et alors que ces petits hameaux étaient une grande famille il deviennent un quartier comme un autre ou chacun vit avec ses problèmes et ses joies mais que personne ne connaît et ne partage.

Walter SOULIER « La Bouscarasse » Calviac 2009

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Portrait de (extrait)... Alain Renaux (Le Grillon, décembre 2012, 2ème partie)

Alain Renaux
Alain Renaux
Paru dans La Marseillaise
Paru dans La Marseillaise

Le Grillon : - Vous avez publié un autre livre…

 

A. R. : - Oui, « L'Herbier du Roy ». Les Musées Nationaux m’ont demandé de continuer la rédaction d’un livre commencé sous Louis XIV. Lorsque l'Académie Royale des Sciences avait été crée en 1666, une équipe de savants dirigée par un médecin du roi devait recenser, sous la forme d’une grande « Histoire des Plantes », la description et les propriétés des végétaux nouvellement introduits des lointaines contrées. 319 planches en cuivre, les représentant, ont ainsi été gravées à l’eau-forte par les maîtres graveurs de l'époque : Nicolas Robert, Abraham Bosse et Louis de Chastillon. De ce vaste projet, il ne naquit qu’un ouvrage uniquement descriptif sur une quarantaine de plantes, et le projet capota pour des raisons obscures. Fort heureusement, les planches en cuivre furent sauvegardées. Une partie se trouve au Muséum et l’autre au musée de la chalcographie du Louvre. Derrière la plante, il y a aussi des faits de société. En étudiant une plante tinctoriale, qui donne une couleur jaune, je découvre que la marque jaune des juifs, sous la forme d’une rouelle jaune, avait été imposée par le pape Innocent III (1215). Pour la mandragore, c’est le pape Innocent VIII (1484) qui ordonna la chasse aux sorcières et fit brûler près d’un demi-million de braves femmes des campagnes en Europe, pour le simple fait de leur connaissance en plantes médicinales, avec leurs enfants de sexe féminin, pour ne pas que se transmette leur savoir. Le coton renvoie à la première autorisation officielle de l'esclavage par le pape Nicolas V (1447). Mais il y a aussi plein d’histoires croustillantes sur les plantes, des contes, des façons de soigner au Moyen-âge assez édifiantes, et qui ne nous fait pas regretter ce ˝  bon vieux temps ˝  !!

 

Le Grillon : - De quoi êtes-vous le plus satisfait aujourd'hui ?

 

A. R. : - La question est simple, mais la réponse est vaste. Ma tribu familiale au sens large, ma filleule, notre cercle amical, les belles rencontres mêmes fugaces, l’emportent de loin. Et si je m’en tiens à des intérêts plus égotiques, ce serait d’avoir gardé mon âme d’enfant, malgré les aléas de la vie. D’un point de vue plus professionnel, j’ai été très heureux par exemple d’apprendre que le ˝ Savoir en Herbe ˝ soit utilisé dans les écoles de la région et d’ailleurs, pour toutes sortes d'activités. Pour moi, c’est un véritable cadeau. Je suis heureux que mon livre ait tant de retours affectifs, et que les gens l’utilisent dans leur quotidienneté. J’ai appris qu’il avait aidé des personnes étrangères au pays à s’enraciner, et suscité des vocations. Tout cela est très émouvant pour moi, d’autant qu’à sa parution, je n’imaginai même pas qu’une personne allait l’acheter !!



Propos recueillis par Geneviève Lafoux et Gérard Feldman

 

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Les travaux d'Isis

Portrait d'Isis Olivier (la suite dans "Fous des Cévennes") paru en novembre 2012

 

Le Grillon - Vous n'avez pas l'accent d'ici.

 

Isis Olivier - C'est vrai. Je suis anglaise d’origine. Je suis née en Tanzanie et j'ai grandi en Grande Bretagne.

 

Le Grillon - D'où vient ce prénom, Isis ?

 

I. O.- C'est le nom d'une rivière, à Oxford, en Angleterre. Mon père y faisait de l'aviron quand il était étudiant.

 

Le Grillon - Et comment avez-vous atterri à Lasalle ?

 

I. O.- Je connaissais un peu la France. Quand j’étais étudiante à Angers, j’ai fait un Tour de France à vélo et j'avais beaucoup aimé le sud. J’ai toujours eu envie de vivre ailleurs qu’en Angleterre. Un jour avec l’idée de partir vers le sud, l’Espagne, l’Italie, je ne savais pas trop, j'ai pris un aller simple pour Montpellier avec mon vélo et mon chevalet. Un ami anglais m'a invitée à m'installer à Arboras, près de Gignac où il avait du terrain. Mais je n'ai pas aimé l’ambiance là-bas. J’étais avec mon ex-mari à l’époque et on est parti en vélo pour réfléchir quelques jours à la Borie, pas loin de St Jean du Gard. Je n'avais pas bien étudié la carte et je ne voyais pas la fin des virages sur le chemin après St Hippolyte du Fort. En arrivant à La Borie nous avons rencontré Tom, qui nous a proposé de rester chez lui en voyant qu'on n'avait pas de tente.
Le lendemain, il y avait une fête où j'ai rencontré beaucoup de gens, notamment Arnaud qui faisait la cueillette des plantes médicinales et a parlé de Biotope à Soudorgues. Peu après, il est parti pendant plusieurs semaines en nous laissant son appartement à Lasalle, sa vieille 4L, son jardin et son chien ! C'est grâce à lui que j’ai rencontré Simone et Alain Renaux.

 

 

Portrait Jean-Guy Baudouin - Un collectionneur passionné

Le Grillon

Baudoin, c'est un des plus anciens noms lasallois, on en retrouve des traces au XVIèmesiècle. Vous êtes bien sûr d'ici.

 

Jean-Guy Baudoin

Oui, le nom est très ancien ici, pourtant il viendrait de Belgique. Moi je suis natif de Lasalle et mes parents, grands parents. Ma famille a toujours été là, autant que je m'en souvienne. Mes grands parents s'occupaient du syndicat agricole dans les années 30. C'était à l’ancien magasin Utile de Nicole Daumet. Ils achetaient les produits en gros et les revendaient. Ils achetaient du café vert qu'on torréfiait sur place, de l'huile, du sel, du pétrole aussi. Henri Thérond a repris la suite. Ça s'est arrêté avec les premiers supermarchés et quand les gens ont pu avoir des voitures pour aller acheter leur épicerie en ville. Avant les gens se déplaçaient en charrettes, avec le mulet. Au même endroit, il y avait aussi le cercle de tempérance et une belle bibliothèque.

 

Pour lire la suite (Le Grillon d'octobre 2012) procurez-vous l'ouvrage "Les fous des Cévennes" éditions Lacour (20 €)

 

Entretien avec M. Jean Pierre Cerret : un amoureux des vaches.

Le Grillon :- Vous êtes un très ancien lasallois...

 

J.-P. Cerret : -Mon arrière grand-père paternel est venu à Calviac en 1864. Il est venu de Sainte Croix de Caderle. C'était le premier locataire d'ici. Toutes les personnes qui habitaient à Calviac faisaient partie du personnel du château. Mon arrière grand père a commencé à fabriquer de la limonade. Il y avait aussi des vaches – trois ou quatre - et des moutons. Pour la limonade, il fallait que la capsule fuse quand on l'ouvrait. Sinon l'acheteur ne payait pas. Ca voulait dire qu'elle était ratée. Mon grand-père est parti à la guerre franco-prussienne de 1870. Il est revenu et il a repris les activités de l'arrière grand-père. Ma mère est née à la ferme du Moulin. Elle est allée travailler à la filature de Calviac. Le grand père maternel faisait la farine pour le pain. Il y avait beaucoup de moulins, des moulins et des filatures par ici. Il arrivait que les moulins soient emportés par les crues de la rivière. Il y a avait le moulin de Sainte Croix, le moulin de Rimbal, de Calviac, de la Mouleyrette. 

 

... La suite dans le numéro de Février 2013 du Grillon à acheter dans les commerces lasallois ou par abonnement !